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Le Temps représenté: le Théâtre et la Mémoire

JEAN-PIERRE THIERCELIN
Articolo pubblicato nella sezione Rappresentazioni del tempo.

Lors de contributions précédentes à Cosmopolis, j’ai déjà eu, sous différentes formes (articles ou courtes pièces de théâtre), l’occasion d’aborder le thème de la Mémoire. En 2012, j’ai même eu le plaisir de coordonner un numéro qui lui était entièrement consacrée. Une dizaine d’auteurs contemporains de différents pays d’Europe y avaient contribué. La question posée était: "Les auteurs de théâtre contemporains peuvent-ils se permettre de perdre la mémoire et d’oublier d’être contemporains du monde dans lequel ils vivent?". De l’Italie à La Biélorussie, de la Turquie à l’Allemagne en passant par la France, les réponses avaient été riches de leurs différences mais montraient un rapport plus vif et plus fort qu’on ne le pense entre les écritures d’aujourd’hui et la Mémoire.
A vrai dire, la Mémoire est partout! Qu’on s’en préoccupe ou qu’on la nie... Peut-être est-elle encore plus présente chez ceux qui la nient ou veulent l’ignorer. Certes, de tous temps, l’être humain a eu tendance à "voir midi à sa porte" avec pour devise "Après moi, le déluge!"... Deux vieilles expressions populaires qui traduisent à la fois le désir de vivre au présent, de ne se préoccuper que de soi, et surtout pas de l’avenir... Quant au passé, "ce sont de vieilles histoires" qui n’intéressent plus personne!... Et quand on a épuisé la série, cela se conclue par un inévitable: “Il faut bien vivre avec son temps!” Histoire d’avoir l’air positif et bien dans ses baskets. Que cache, au-delà d’un jeunisme dictatorial, toujours plus de bon aloi dans nos médias et dans notre société, ce “présentisme” obsessionnel d’une partie de nos contemporains?
Ce mot “présentisme” je l’ai entendu dans la bouche d’un professeur de collège à propos de ses élèves pour qui la moindre page d’Histoire semble relever de l’ère des dinosaures. Pour eux, rien de ce qui n’appartient au monde de l’immédiateté n’a d’intérêt... Faire deux phrases de suite au delà d’un tweet est signe d’intellectualisme forcené et douteux. Et tout ce qui appartient au monde d’avant notre technologie bénie est synonyme de préhistoire et n’offre pas le moindre intérêt... Le trait peut paraître un peu gros mais, sans que ces élèves en soient vraiment responsables, il n’en est pas moins significatif des comportements de beaucoup de nos contemporains.
Lorsqu’en France, en cette période de désenchantement, on entend, en réponse à ces sempiternels micros-trottoirs radiophoniques ou télévisuels, toujours avides de plonger tête baissée dans le populisme, les mêmes “vrais français” dire: “j’ai voté, à droite, j’ai voté à gauche, je suis déçu... Alors, je me dis pourquoi pas le Front National, puisqu’on a jamais essayé?!...” Il vous prend des envies de hurler ”Mais pauvre crétin au cerveau ramolli par l’usage intensif de débilités hertziennes et Webiennes (ça se dit?...), comment peux-tu dire que l’on n’a jamais essayé? Le fascisme, le nazisme, la Déportation, la Shoah... Tu as déjà entendu parler?!... Demande à ton père et à ton grand-père ce qu’ils en pensent...”. Oui, je sais, ce n’est pas bien de hurler (et surtout pas très philosophe!...) mais ça soulage, du moins momentanément...
Nous voilà donc revenus, par le détour du refus et de la négation à la Mémoire et au Temps puisque par l’obstination de ne le conjuguer (le temps!) qu’au présent, ce que notre professeur appelle le “présentisme”, nous risquons d’être interdits d’imparfait (et pourtant!...), de passé-composé (ce qui indique tout de même une tentative de bonne volonté...), voire de passé-simple (ce qui n’est pas si simple!)... Quant au futur, pour le moment, il semble hors jeu. “No future!..” (Après tout, Cosmopolis est international!). Resterait éventuellement le conditionnel qui tout en mettant certaines conditions, semble, comme son nom l’indique, nous dire que tout n’est pas perdu (un peu comme la commission européenne! Mais là je m’égare...). Tout cela à titre indicatif puisque, pour le moment, nous ne conjuguons le temps que sur le mode... Indicatif.
Bon, j’entends déjà les commentaires... A quoi joue-t-il?... On n’est pas là pour jouer!... Ah bon?... Dommage!... Mais qu’est-ce qu’on fait au théâtre?... Sinon jouer! Qu’est-ce que je vous disais?!... Et si c’était le Théâtre qui allait nous sortir de ce mauvais pas? Ou plutôt de ce mauvais temps... Car que fait notre professeur face à sa classe butée dans un présent sans Mémoire?... Elle biaise, elle contourne, elle prend les chemins de traverse... En un mot, elle joue... Elle va, peut-être, se servir d’un épisode des “Simpson” pour les faire rire dans un premier temps (dès le premier éclat de rire, c’est gagné. Les oreilles commencent à se dresser...), elle va tourner avec eux les pages d’une bande dessinée de Tardi ou d’Art Spiegelman, projeter un film, lire un extrait d’Aristophane, de Shakespeare ou de Jean-Claude Grumberg... Peut-être même leur fera-t-elle jouer une scène... Allez, savoir!...
Pour ça, il suffit de frapper “les trois coups”! Ce rituel d’avant le lever du rideau, dans les théâtres à l’Italienne, ne se pratique plus guère de nos jours. Et pourtant ces trois coups frappés par le régisseur avaient un sens... Au-delà du salut au Roi (côté Jardin), à la Reine (côté Cour), et au public, c’était le signal du passage dans un autre espace, dans un autre temps, vers d’autres histoires... Nous y voilà! Le passage dans un autre temps!... Le temps du théâtre est hors du temps vécu. C’est un temps unique. Un temps qui ne s’écoule pas. On pourrait dire la même chose de la lecture et du cinéma?... Oui, mais s’il est toujours possible de relire un livre ou revoir un film, il est impossible de revivre un moment de théâtre. Il est impossible de revivre une représentation théâtrale. C’est un moment unique qui s’il est réussi est inoubliable, voilà qui nous ramène à la mémoire... Et ce moment unique, avec ou sans trois coups, avec ou sans rideau, même sans lumières... Ce moment unique qu’est le théâtre, peut nous permettre bien des choses...
Comme ce professeur, il m’est arrivé, comme auteur et dramaturge, de rencontrer des classes... L’idée étant d’approcher la Mémoire et l’Histoire par le biais du théâtre et de la création. Là aussi, il faut établir le contact et la confiance. Là aussi, le rire et les situations de l’écriture dramatique nous aident. Sans négliger le fait que, contrairement au professeur attelé à l’année à sa classe, nous ne sommes que de passage... De même que la magie du théâtre tient beaucoup à sa fugacité, ne l’oublions pas. Un éclair dans la morosité nocturne de la vie... Une gerbe de mots incarnés partant à l’assaut du ciel obscur de la salle de théâtre... Il parait qu’au Guatemala les étoiles sont considérées comme les âmes des mots... Mais revenons à la classe... Dès les premiers mots lus, les murmures et les conversations s’arrêtent (comme au théâtre), l’écoute se fait, les personnages et les situations se mettent en place. Dans les yeux qui écoutent, on commence à voir se dessiner une scénographie, voire une mise en scène... Ils commencent à embarquer. Et pourtant, il n’y a rien devant eux qu’un homme qui lit avec juste ce qu’il faut d’amorce de jeu... Le voyage dans un autre temps, dans d’autres situations peut commencer... Mais à une condition qui relève de l’auteur! Que l’auditeur/spectateur puisse, tel l’alpiniste prenant bien ses marques avant d’attaquer son ascension, trouver les appuis, les repères et les équivalences qui lui permettront d’entrer en résonnance immédiate avec d’autres situations, d’autres époques... Pour qu’il s’y sente à l’aise, sans avoir le moins du monde recours à l’identification. Pour que depuis son présent, il entre dans un dialogue distancé mais compréhensif avec d’autres présents cruciaux qui l’on précédé, que, par commodité, on appelle “la Mémoire”.
Souvent, au bout d’un moment, dès que le texte et la situation le permettent, je leur propose de lire à leur tour, à haute voix. De s’emparer du texte, de le prendre à leur compte et d’en devenir les acteurs dans tous les sens du terme. Le résultat est souvent stupéfiant. Certes, il faut parfois passer quelques instants de fous rires et de pudeurs mais, une fois ces étapes franchies, les voilà qui incarnent ce que quelques temps plus tôt ils réfutaient totalement. Les voila embarqués dans d’autres temps. Les voilà, quitte à s’y affronter et à s’y colleter, les acteurs d’une Mémoire qu’ils ne soupçonnaient pas ou dont ils ne voulaient pas entendre parler.
J’ai souvent mené cette expérience avec deux de mes pièces “De l’enfer à la lune” et “Puzzle Mémoire” qui seront prochainement traduites et éditées en Italien. Toutes deux traitent du thème de la Mémoire et toutes deux posent la question du temps de la Mémoire au Théâtre et celle de la représentation de ce temps. “De l’enfer à la lune” fait le pari de traiter de la Mémoire de la Déportation... Si je pars d’une destinée particulière (celle de mon père) d’un camp (celui de Dora) et d’une spécificité (l’usine des armes secrètes et le personnage pour le moins équivoque de Wernher von Braun), tous ces éléments me permettent de tirer un fil rouge qui reprend les caractéristiques plus générales des itinéraires de la Déportation, donnant ainsi à la dramaturgie une valeur d’universalité. Mais, le théâtre étant là pour poser des questions, le but est aussi de poser le problème de la transmission... D’où l’idée de mettre en confrontation deux générations: celles des Déportés et celle de leurs enfants. Et cela au moment où les enfants atteignent l’âge adulte. Cela signifie que le “présent” de la pièce n’est pas aujourd’hui mais dans les dernières décennies du XXème siècle. Disons, pour un spectateur contemporain, à mi-chemin entre les faits et aujourd’hui... Nous jouons donc sur trois temps. (C’est peut-être pour cela qu’il y a souvent une valse vers la fin de mes pièces!...) Et ce sont les enfants qui vont entraîner leurs parents, les Déportés survivants, dans un jeu semblable à tous les jeux d’enfants qui va, peu à peu, devenir jeu théâtral. Ainsi leur Histoire va devenir comédie dramatique avec interruptions et allers-retours entre hier et aujourd’hui (ou plutôt l’aujourd’hui de la pièce!). Et cela tout en suggestion et sans aucun réalisme dans un vrai plaisir de théâtre et de spectacle où le cirque et la comédie musicale peuvent aussi trouver leur place... Car nous sommes au théâtre et il ne faut pas oublier le plaisir, même (et surtout!) en traitant de la Mémoire... Ainsi, par la fiction, les jeunes spectateurs d’aujourd’hui peuvent se retrouver dans des situations d’affrontement ou d’engagement ou de vécu mais dans un autre temps que le leur, sans oublier leur présent... Ils peuvent aussi tenter ensuite d’aller plus loin dans le désir de connaissance qui peut suivre le ressenti mais là, c’est déjà une autre histoire...
“Puzzle-Mémoire“ est composé de cinq courtes pièces dont la Mémoire constitue aussi le fil rouge. La Mémoire, sa transmission mais aussi, ses affrontements et ses confusions... Les éclats de Mémoires de différentes générations s’y affrontent et s’y conjuguent entre passé et présent tout en pensant à l’avenir... La question du temps y est donc omniprésente... Je ne prendrais qu’un seul exemple avec l’une de ces pièces: “Et la nuit seule...”. Dans l’espace vide du plateau, deux zones isolées, deux personnages... D’un côté, une jeune femme écrit à son mari qui vient d’être arrêté pour fait de résistance. Il est juif mais personne ne le sait... Nous sommes en août 1944. Paris commence à dresser des barricades pour se libérer. Elle ne sait où envoyer sa lettre... De l’autre côté, un jeune homme. Il est palestinien enfermé dans une prison israélienne. Nous sommes en 2009, au lendemain de l’opération “Plomb durci”... Il écrit à sa compagne restée en France... La pièce fonctionne par l’alternance des monologues (en fait les lettres qu’ils écrivent) dans un ping-pong parfait par-dessus le filet du temps... Les lettres se répondent à plus de soixante ans de distance... Les monologues deviennent ainsi un véritable dialogue involontaire où les mots résonnent de manière de plus en plus aigüe. Jusqu’au moment où nous comprendrons les liens qui existent entre eux à leur insu, au-delà des religions et des Mémoires qui se combattent aveuglement jusqu’à l’absurde et au-delà du temps...
Quelques mots encore à propos de ma dernière pièce, et j’en terminerai là sur mon travail personnel, “Marie-Claude ou le muguet des Déportés”. Cette pièce rend hommage à une grande personnalité de la résistance et de la Déportation, militante communiste et humaniste qui fut aussi témoin au procès de Nuremberg. Plutôt que de faire incarner sur scène le personnage de Marie-Claude Vaillant-Couturier, j’ai choisi de faire parler une jeune militante communiste pure et dure à la gouaille populaire que ses parents ont appelée Marie-Claude par admiration... Mais s’il s’agit, là aussi, d’engagement et de militantisme, j’ai opté pour des regards difractés et différents au fil du temps. Ainsi au fil des ”premier mai” où elle vend son muguet des travailleurs et des Déportés, nous la voyons, toujours aussi admirative, évoluer au milieu des années soixante, au milieu des années quatre vingt et aujourd’hui... Il est certain qu’au fil du temps, notre perception n’est pas la même... Les regards changent et l’engagement évolue. Ainsi la Mémoire, selon les époques, est amenée à porter un regard différent sur la Mémoire qui n’est pas une, mais multiple... On me pardonnera d’avoir privilégié l’expérience personnelle... J’aurais pu parler de... De tant d’autres... A commencer par les auteurs antiques puisque Sophocle et Euripide sont déjà, eux même, dans le domaine de la Mémoire. Leurs tragédies reprennent des faits ou légendes qui sont du domaine de leur Mémoire... Mais l’essence du traitement de la Mémoire est déjà là et les faits anciens deviennent des mythes. Le théâtre Antique Grec puis Romain, architecturalement parlant, devient alors l’écrin où cette Mémoire se déploie dans un temps symbolique et universel...
Shakespeare ne fait pas autre chose avec ses tragédies historiques qui sont pour lui, à l’aune du temps historique, l’équivalent de notre Mémoire des deux guerres mondiales de notre sinistre XXème siècle... Il reprend cette Mémoire violente, sauvage et cruelle, la pétrit, la viole un peu, lui fait des enfants, lui redonne chair et la pose sur la scène du théâtre élisabéthain alors à son apogée... Ce qu’il lui donne aussi, c’est la résonnance avec son époque, ce qui signifie une compréhension immédiate avec le public populaire qui emplissait le théâtre du globe. Remarquons, là aussi, la scénographie symbolique où une simple pancarte désigne un champ de bataille, une chaumière, ou la salle du trône... Il est clair que la Mémoire se soucie peu de réalisme... Nous passerons les périodes classiques (en dépit de la règle des trois unités qui implique l’unité de temps...) et romantiques où la Mémoire cède la place au sublime codifié et au pittoresque historique. Nous sommes dans un autre domaine...
La grande affaire de la Mémoire, c’est le XXème siècle qui au cœur de la civilisation européenne a commis l’irréversible, nous laissant hébétés à jamais... Du moins, ceux qui ont une conscience et un minimum de connaissance... Nous n’allons pas tarder à revenir à notre point de départ puisque cela relève à la fois de la culture, de l’éducation et de la notion de passé et d’avenir au-delà d’un présent végétatif... La Mémoire, nos grands philosophes qui se voulaient dramaturges s’y sont cassé les dents. Pas sur le fond mais sur la forme. Que ce soit Sartre ou Camus, sur le plan dramaturgique, ils n’ont pas su voir plus loin que les limites du théâtre bourgeois parisien de l’occupation et de l’après-guerre... A vrai dire, il a fallu un temps de décantation et attendre les années soixante-dix pour parler vraiment de Mémoire au théâtre. Il faudrait alors parler de Jean-Claude Grumberg, de Jean Genet, de Thomas Bernhard, de Jorge Semprun, de Georges Tabori, de Charlotte Delbo et de bien d’autres... Plus proche de nous il faudrait parler de Marc Dugowson, Jean-Pierre Cannet, Elie Presmann, Luise Rist, Laura Fatini et de bien d’autres... Cela pourrait justifier un autre article à venir...
Mais celui que je voudrais évoquer avant qu’on ne se quitte c’est Armand Gatti (Un nom qui fleure bon la péninsule. Ses parents étaient des émigrés italiens). Il est toujours notre contemporain et on peut le trouver, gaillard et chaleureux, grands bras ouverts, à “la parole errante”, son lieu alternatif qu’il a crée à Montreuil autour de la maison de l’arbre (Ce n’est peut-être pas un hasard si j’ai eu la chance d’écrire “Puzzle-Mémoire” à la bibliothèque Armand Gatti à la Seyne-sur-mer. Bibliothèque consacrée au théâtre contemporain). Libre penseur, poète, dramaturge, cinéaste, homme perpétuellement révolté au cœur gros comme ça, Armand Gatti a connu la Résistance, le Maquis et les camps de concentration. Lui, il dit “Le Camp!” Gatti ne supporte pas le mot Mémoire qui le fait bondir mais son œuvre ne parle que de ça... Comme les milliers de pages de son œuvre théâtrale et poétique et... Inclassable... Il a aussi réalisé le premier film sur l’univers concentrationnaire, “l’enclos”, en 1961. C’est Jean Vilar qui l’a révélé au théâtre en montant ses premières pièces. Gatti ne fait pas du théâtre mais il fait avec, par et pour le théâtre... Pour lui, ce n’est pas la représentation qui compte mais l’aventure de l’écriture et la prise de conscience du langage... Ses personnages résistent, combattent et vivent toutes les dimensions possibles de l’espace et du temps. Il raconte qu’à son arrestation, un gradé allemand lui demande ce qu’il est venu foutre dans le maquis. Il répond en désignant un rouge gorge qui venait de se mettre à chanter: “Et lui, qu’est-ce qu’il y fout?”... L’autre le frappe en hurlant et repose sa question. Alors Gatti répond: “Pour faire tomber Dieu dans le temps”... Pour Gatti, les mots, c’est l’Histoire de la révélation des camps. La voix qui monte des camps est présente partout... Le simple énoncé d’une certitude le révulse. Seule la vérité envisagée sous plusieurs sensibilités le séduit... Torturé après son arrestation il a répondu en hurlant des poèmes... ”J’avais vaincu la torture parce que ma langue était supérieure à la leur. A partir de là, mon combat est devenu la langue!”... Au camp, un détenu lui demande: “Pourquoi écris-tu?... Il répond: ”Pour changer le passé”. Que dire de plus?...
Que dire, quand au moment où j’écris ces lignes des hordes criminelles, non contentes de massacrer sous le fallacieux prétexte d’une religion qui n’en demande pas tant, s’efforcent de rayer de la carte et de détruire systématiquement toutes les traces de patrimoine artistique, de Culture et de Mémoire qui sont la richesse de notre humanité... Que dire?...
Peut-être encore une phrase de Gatti: “Ce n’est pas la Mémoire qu’il faut entretenir mais la pensée et la connaissance”.



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